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" Pandora Hearts " T1 & 2 par Jun Mochizuki

Autant le dire tout de suite, cette série est une vraie surprise. Mélangeant les genres de manière totalement incongrue et n’ayant pas un graphisme très original, voir même assez pauvre. La dynamique de l’ensemble rend néanmoins la lecture de ce manga très agréable. Une fois passé le premier chapitre, on a envie d’en savoir plus.

L’éditeur Ki-oon a fait les choses en grand pour promouvoir son nouveau manga. Campagne de publicité intensive et surtout venue de l’auteure Jun Mochizuki en juillet 2010, lors de Japan Expo, pour coïncider avec la sortie des deux premiers tomes de " Pandora hearts ".
C’est une bonne idée de lancer en même temps deux volumes d’une telle série, car la première partie de l’histoire n’incite pas vraiment à continuer la lecture. C’est long, poussif et tellement conventionnel que l’on se demande bien ou le récit va nous mener.

image © 2010 Jun Mochizuki / SQUARE ENIX CO., LTD.
Le manga débute par les pitreries de Oz Vessalius, un jeune noble qui va sur ses 15 ans. Il n’est guère enchanté de la cérémonie qui se prépare. Elle est pourtant organisée en son honneur comme le veut la tradition afin de symboliser le passage à l’âge adulte après sa quinzième année. À part cette histoire de conte pour enfants (l’Abysse, sorte de prison dont il est impossible de s’échapper, est censée leur faire peur pour les faire tenir sage : ce qui n’a pas l’air de fonctionner), le reste n’est que cliché et stéréotype d’un comportement d’adolescent rebelle.

image © 2010 Jun Mochizuki / SQUARE ENIX CO., LTD.
Le choix de l’âge du héros n’est bien évidemment pas anodin, car c’est, à mon avis, l’âge moyen du lecteur potentiel : le cœur de cible est tout trouvé. Le positionnement est simpliste et le let-motiv peut évident. Dés le second chapitre, tout va s’accélérer, lors de la fameuse cérémonie, Oz sent un passage s’ouvrir, des hommes cagoulés surgissent, tentent de le tuer, mais apparait un immense lapin noir du nom de Alice... « Passage, lapin, Alice » ! ... Cela ne vous rappelle rien ? On est en plein conte de fées à la Lewis Caroll. Eh bien non, encore une fois, ce n’est qu’un prétexte, un mélange des genres servant à dérouter le lecteur. Le reste est du même tonneau, les emprunts à la littérature populaire anglo-saxonne se multiplient sans raison apparente, peut-être juste pour faire exotique tout comme le nom de cette famille rival, les Baskervilles, il ne manque plus que Sherlock Holmes pour venir nous expliquer tous ces mystères. Ce Lapin, « Alice va donc sauver notre héros et conclure un pacte avec lui, ce qui permettra à cette créature, une chain, de s’extraire de l’Abysse où elle était maintenue prisonnière. Oz lui est dorénavant lié et une horloge tatouée sur son corps égrène inexorablement les heures qui lui reste à passer sur terre avant d’être, à son tour, envoyé dans les profondeurs de l’Abysse.

image © 2010 Jun Mochizuki / SQUARE ENIX CO., LTD.
Dès le deuxième tome, le dessin de la mangaka s’améliore, il gagne en dynamisme alors que les cases continuent de manquer cruellement de décors et que les gros plans des personnages s’accumulent. Même si c’est un manga destiné à un public masculin, on sent la touche « shôjo » de l’auteure resurgir, que ce soit dans le graphisme ou dans la composition des plans et de l’humour très féminin. Quelques petits détails sont cachés dans certaines pages afin de détendre l’atmosphère dramatique et la couverture, une fois la jaquette enlevée, révèle deux petites BD bonus, chose assez rare pour être souligné : ces pages étant souvent sous-exploitées.
Ce manga devrait avoir du succès, il en a en tout cas tous les ingrédients et les 12 tomes déjà parus au Japon (1) ainsi que la diffusion d’une série TV d’animation en 2009 sont la pour le prouver.
Gwenaël Jacquet
" Pandora Hearts " T1 & 2 par Jun Mochizuki Édition Ki-oon (7,5&euroWinking
(1) La série est toujours en cours de publication.

L'article " Pandora Hearts " T1 & 2 par Jun Mochizuki est paru initialement chez BD Zoom